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Idéologie cinématographique

par Mout

publié dans Essai , JeSuisCharlie , J'EtaisCharlie , JeSeraiCharlie , Jeu de langue , Prose

Le texte suivant traite de la personne de l'auteur, ses passions et ses ressentis, si l'ennui s'évoque à lecture de ce bandeau, passez votre chemin, économisez votre temps et faites des choses.

Alors me revoilà. J'ai en quelque sorte agi pour le meilleur et c'est ainsi que j'ai réalisé le pire. Durant mes grandes épopées j'ai dû m'occuper. Je me suis surtout occupé comme je le pouvais. Je vis des aventures par procuration. Cinéma, musique, écriture, danse. Il s'agit de moi, perdant tout sens des réalités, tentant de perdre tout sens des responsabilités. J'étais comme tout le monde. Capable du meilleur pour moi. Mais là, seulement là, j'ai été rattrapé. Ce miroir, je ne l'attendais pas. Du moins, je ne sais plus si je ne l'attendais pas ou plus. Il m'a manqué; ce désarroi m'a manqué. Je me sens à nouveau comme l'auteur de l'ancien temps. Il ne me manque plus que la bouteille d'absinthe et me voilà prêt à être glorifié dans le futur, dans cet "après-fin-de-vie". Je ne l'attends pas, je ne le souhaite pas, je n'attends rien. Je considère ma chance comme parfaite. C'est sûr, j'ai trouvé des domaines dans lequel exister, dans lequel persister. Cependant toute bonne chose à une fin. Pas celles-ci, non, jamais, elles sont trop belles pour cesser d'exister à mes yeux. Ce qui a pris fin, en revanche, c'est l'absence de mon image. Elle est de retour. Je ne suis plus acteur mais un spectateur omniscient de moi-même. Je me regarde, je me juge, je m'accable et je ne cesserai que lorsque je saurais me donner des réponses. Cependant en premier lieu je me dois de trouver les questions idéales, celles qui me donneront la capacité à répondre. Mais, là, oui, là, je n'en ai aucune. Concrètement je ne sais que cracher. Concrètement je ne saurai quoi me dire, me demander. Alors j'ai attendu. Longuement. J'ai attendu comme un oiseau sur son perchoir. Un coup la tête à gauche, l'autre fois à droite. Je n'ai aucune attache si ce ne sont que mes jambes. Je n'ai aucun allié si ce n'est que mon cou. Je n'ai aucune valeur si ce n'est que mon plumage. Et parmi tant d'autres, je n'ai jamais eu aucune raison, aucune lutte si ce n'est contre moi-même. C'est là que sont intervenus les récents évènements. Je me suis senti touché. Pas au sens meurtri mais, au sens vivant. J'avais raison. J'avais un idéal, une pensée, une union entre le moi et l'image. J'étais conscient. Je ne l'avais jamais ressenti. J'étais presque heureux, malgré moi, de cette sombre scène. Je ne voulais participer à aucun défilé, hommage ou manifestation, peu importe comme on l'appelait. Je voulais vivre. Je voulais perdurer et exister. Je ne ferais aucun hommage, juste une mémoire, juste une pensée. Cette pensée est la mienne. La plus éloignée, la plus sombre, la plus noire, la plus sale et surtout la plus obsédante. Mais je suis persuadé qu'elle leur aurait plu. Ce n'est pas par pédanterie mais seulement par rapport logique. Je ne fais que dans la prose, trop peu simpliste, trop peu éloquente mais seulement, moqueuse. Moquée de moi, moquée du monde, moquée des autres et moquée des apôtres. Je n'ai jamais cru en rien, jamais cru aux siens, jamais cru en moi... Jamais cru en soit. J'ai tout de même voulu me battre, me défendre, j'avais des idées, des valeurs mais, la réflexion a bon train. Me voilà déjà perdu. Perdu dans la stupidité de mes actes, de ceux des autres, des agissements incertains d'une foule bien trop nombreuse. J'ai voulu y croire comme je croyais au père noël, j'ai voulu persévérer et avancer dans une lignée d'hommes qui meurent pour des idées. C'est cependant là que j'ai réalisé que je n'avais rien. Rien à perdre, plus rien. J'étais prêt à mourir pour ce que je n'étais pas. J'ai perdu la seule parcelle qui me rattachais à moi. La critique. Me revoilà triste à mourir. Non. Ce serait trop. Disons triste à trister. Oui, je tristerais ce que je n'ai pas obtenu, la seule chose que j'ai demandé. Ne pouvant l'obtenir à quelconque festivité, je la demanderais à cette nouvelle année. Qu'elle s'ouvre sur de belles choses, sur un avenir radieux. Que la beauté de mes gestes sublime l'instant et que l'on me pardonne ce que je vais faire: laisser l'image de côté, combattre le moi et ne réagir qu'à la demande. Je serai l'acteur désigné pour combattre les larmes, l'acteur désigné pour battre le malheur, l'acteur désigné pour résigner les honneurs. Je n'ai jamais réussi à être ce que j'étais, j'ai honte, je ne l'assumerai jamais. Alors me revoilà. Case départ, non. Mais avancé, oui. Je sais dorénavant la raison qui m'a amené ici. C'est là-dessus que le renouveau était censé s'achever. Il était censé être consciencieux. Méticuleusement travaillé avec sa réponse adéquate: le "je-ne-sais-quoi" habituel mis aux oubliettes. Mais c'est là que le miroir est revenu. Je l'ai dit, je ne l'attendais pas, je ne l'attendais plus. Il ne m'attendais pas, il ne m'attendais plus. Nous nous sommes regardés, j'ai eu peur, frigorifié de honte, transit de lourdeur. Il est revenu sans moi, sans mon accord. Voir ce bonhomme esseulé, sans la moindre parcelle d'humanité, le revoir, lui accorder du temps de regard, du temps amicalement correct, du temps malheureusement en reste. C'est ça qui m'a détruit, c'est ça qui m'a amené à rédiger ici ce que je considère comme mes derniers souhaits de nouvelle année. Une année sous le signe de cet ouvrage, sous le signe du damné, sous le signe de l'oublié. Ne plus l'oublier. Ne plus l'adonner. Ne plus lui accorder. Ce n'est qu'un enfant, il réagit à la honte par le caprice. Et je ne serai plus là pour lui. J'ai désormais compris que les seules valeurs sont les plus simples. L'élévation personnelle et le compréhension de soi ont tendance à oublier et résorber les valeurs simples que l'on vit. Je ne parle pas là de frivolités ou de besoins. Je parle là de la vie, des amitiés, des ressentiments et surtout de la famille. C'est incroyable comme ces si petites choses fondent un être, une vie, une réalité, une approche du monde qui la rend radieuse à tout point, qui la laisse belle en toute occasion. Ce n'est pas une protection mutuelle, c'est un accomplissement à plusieurs étages, un accomplissement à plusieurs êtres. C'est ce qui m'a fondé et que je n'aurais jamais du oublier. Je ne leur doit pas une faveur, je leur doit moi, l'image, et l'être qui ne s'est pas encore remis de ses restes calcinés. "Je ne peux pas compter les raisons qui me poussent à rester." Je ne les regarderai jamais, je suis dans ce que l'on peut appeler l'indignation de la joie, je ne l'accepte que difficilement mais elle a toujours été là, mon guide dans ces tranchées innombrables que forme la vie, mon guide dans les brumes de mon être, mon guide dans les méandres d'autrui. Je ne m'abaisserai plus, j'existerai.

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